Sur un marché de plus en plus concurrentiel, Avicenna.AI a choisi de prendre son temps. Ce marché, c’est celui de la radiologie intelligente. Celle qui permet de guider le regard du médecin, de l’aider à détecter des pathologies qui lui auraient échappé à l’œil nu. “Le marché est occupé par des acteurs trop gros pour développer des outils comme le nôtre“, observe Olivier Fuseri, chargé d’affaires de l’entreprise. “Il y a aussi de plus en plus de startups qui organisent d’importantes levées de fonds”. Face à ces acteurs, Avicenna.Ai a choisi de se placer en challenger. “Nous sommes restés cachés le plus longtemps possible”, le temps de perfectionner sa solution et d’atteindre des performances élevées. Ainsi, alors que la plupart des solutions d’imagerie intelligente indiquent au radiologue le moindre élément anormal – “ce qui lui fait perdre du temps” – le logiciel développé par Avicenna.Ai ne veut l’alerter qu’en cas d’urgence, “avec très peu de faux positifs“.
Car l’idée est bien d‘offrir à un gain de temps à des radiologues souvent en sous-effectifs, mais aussi d’améliorer la prise en charge du patient.
Pour l’heure, l’entreprise a développé trois produits capables de détecter, à partir des scanners du malade, des hémorragies intracérébrales et l’occlusion de gros vaisseaux. Des pathologies pour lesquelles chaque seconde compte. “Chaque seconde, des neurones sont perdus et ne seront jamais régénérés“. D’où l’intérêt d’une prise en charge rapide. “Cela permettra un temps de récupération drastiquement réduit avant de reprendre une vie normale”. Et qui dit meilleure récupération dit moins de coûts pour la collectivité et le système de santé. “C’est moins d’interruptions de travail, moins de complications à soigner…”
En attente d’une certification de la FDA américaine
Après le temps du développement, place à celui du marquage, plus chronophage. Deux produits ont déjà obtenu la certification européenne, ils attendent son équivalent américain, le marquage par la Food and drug administration (ou FDA). “Les États-Unis sont notre principale cible. Lorsque je discute avec de grosses entreprises internationales, elles m’expliquent qu’elles n’investissent pas dans des entreprises françaises qui ne sont pas capables de travailler pour la FDA”. Un Graal pour lequel il faudra patienter encore quelques mois avant la commercialisation prévue au second semestre de cette année.
Et le marché est immense. “Tous les centres, y compris les plus petits, ont des scanners” et sont donc des clients potentiels. Mais pour s’adresser à eux, l’entreprise fait le choix de passer par des distributeurs. “Notre but est de travailler au travers de partenaires formés qui connaissent bien les produits“. Il pourra s’agir de marketplaces ou bien de fournisseurs d’outils en radiologie. “Ceux-ci proposent avant tout du matériel et ne font pas de traitement d’images. Leurs clients leur demandent à ce que cela soit ajouté à leurs outils”. Avicenna.Ai vise aussi les fabricants d’IRM et de scanners qui pourraient eux aussi intégrer le logiciel à leurs produits.
Grâce à ces partenaires, l’entreprise espère voir ses produits présents dans dix à vingt centres de santé d’ici la fin d’année. “Ce sera une année d’incubation pour voir comment le marché se présente“. A terme, l’ambition est de devenir “un des leaders sur l’imagerie d’urgence mais aussi sur d’autres sujets”. L’oncologie pourrait être l’un d’eux. “Cela dépendra des opportunités de recherche qui se présenteront“.